2èmes Assises Nationales de la lutte contre les préjugés

2èmes Assises Nationales de la lutte contre les préjugés

A Sciences Po Paris


L'’an passé, entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009, période de conflit au Moyen-Orient, plus de 70 actes racistes ou antisémites ont été recensés en France. Face à la gravité de ces agressions, SOS Racisme et l’UEJF se devaient de réagir. Avec le soutien de Fadela Amara, Secrétaire d'État chargée de la politique de la ville, une réunion rassembla une quinzaine d’associations de terrain et nous décidâmes ensemble de publier un manifeste intitulé « contre la culture de la haine, nous choisissons le vivre-ensemble », consultable et signable en ligne sur lemanifestedes15.fr.
Nous désirions aller plus loin en rassemblant associations, politiques, personnalités publiques ou intellectuels lors des premières Assises Nationales de la lutte contre les préjugés, ce qui fut un succès.

Cependant, en 2010 nous devons faire face à un phénomène prenant de l’ampleur : une installation des préjugés dans toute la société, avec notamment leur diffusion parmi les élites, qui a pour effet une validation de ces préjugés par ces autorités morales. En effet nous ne comptons plus depuis plusieurs mois les déclarations racistes et xénophobes de membres des élites intellectuelles, politiques, médiatiques : des ministres qui stigmatisent les citoyens d’origine maghrébine, musulmane ; des journalistes qui justifient les contrôles au faciès par une supposée surreprésentation ethnique parmi certains types de délinquants, … En répétant et accentuant des préjugés présents dans la société contre les étrangers et autres minorités, ils les confirment et valident de par leur autorité aux yeux de la population : ils diraient « tout haut ce que certains pensent tout bas », par stratégie politique ou étant fortement imprégnés par ces préjugés xénophobe.

Ainsi, la parole raciste est libérée dans les médias, qui renforcent les grilles de lecture fragilisant le vivre-ensemble, et sur internet. Parallèlement, le travail des associations de terrain est sapé par ces déclarations : les préjugés qu’elles déconstruisent jour après jour sont renforcés et les personnes stigmatisées se sentent agressées et parfois se radicalisent. Depuis quelques jours, des passages à l’acte dont la violence n’a d’égale que l’ancrage des préjugés dans la société émaillent notre quotidien : attaques armées xénophobes contre des lieux cultuels et culturels musulmans à Marseille, agressions antisémites physiques et verbales à Paris, Nîmes, Strasbourg. Ce constat alarmant s’étend de même à toute l’Europe : la xénophobie, portée par des extrêmes-droites fascisantes et en hausse électoralement, augmente dans de nombreux pays, notamment de par les attaques de partis politiques populistes contre les migrants, les musulmans, les Roms ou les Juifs. C’est sur ces questions, qui émanent de nos associations à travers notre travail de terrain et nos positionnement et vision de la société, que nous comptons interpeler les pouvoir politiques et médiatiques, dont des représentants seront invités à cette deuxième éditions des Assises de la Lutte contre le Préjugés. Notre action s’y inscrira sur le tryptique : analyser, interpeller, agir.