Faits Divers Marseille : un postier détale avec un million d’euros

Faits Divers
Marseille : un postier détale avec un million d’euros

Samy Mouhoubi, le lundi 9 novembre 2009 à 04:00


Un employé de l’établissement public des Bouches-du-Rhône a disparu, voilà plus de dix jours, après avoir dérobé des espèces et détourné de son agence moult chèques.

Y a plus marqué La Poste. L’un des employés de l’établissement public a pris la poudre d’escampette, après avoir soustrait, au nez et à la barbe de sa hiérarchie, près d’un million d’euros… Révélée par Aujourd’hui en France et confirmée par la direction de La Poste, l’information a été éventée ce week-end, tandis que la police marseillaise recherche activement l’indélicat, volatilisé, voilà dix jours, aussitôt son forfait commis…

La plus totale discrétion
Du fait de sa fonction, Naïm El Jaziri, le suspect, vingt ans de maison, possédait les clefs du coffre de l’agence centrale située rue Cambaud de Roquebrune, l’un des plus importants bureaux de La Poste, sis dans le VIIe arrondissement de la cité phocéenne, ancien siège de la direction départementale de l’établissement public. Il avait en outre accès à l’argent en liquide, destiné à alimenter les trois distributeurs automatiques de billets (DAB) dont l’agence est équipée. A l’instar du convoyeur lyonnais de Loomis, disparu jeudi 5 novembre avec onze millions d’euros sous le coude, le salarié de La Poste a prémédité son vol avec grand soin. L’alerte a été donnée, en début de semaine dernière, par le service de sécurité interne de l’entreprise. Entre-temps, le parquet de Marseille a ouvert une information judiciaire, chargeant les policiers de la sûreté départementale de l’enquête, menée, jusque-là, dans la plus totale discrétion. Contacté hier, le commissariat principal phocéen n’a pas souhaité s’exprimer.

Audacieux tour de passe-passe
Selon plusieurs sources au sein de La Poste, Naïm El Jaziri, la quarantaine, serait parvenu à soutirer plus de 200.000 euros d’espèces sur le million manquant grâce à un audacieux tour de passe-passe auquel sa direction n’a vu que du feu. Le reste de l’importante somme subtilisée proviendrait de bons de chèques, selon plusieurs sources de La Poste. Jusqu’alors, l’employé passait des bons de commande n’excédant jamais 100.000 euros à la banque centrale de La Poste afin d’approvisionner les trois distributeurs dont il avait la responsabilité. Or, voilà quelques semaines, il en a spontanément commandé pour 350.000 euros. Avec succès. Insatiable, il a alors réitéré la manœuvre par deux fois, en déclarant à chaque fois n’avoir reçu que 100.000 euros, ne réapprovisionnant les distributeurs qu’au compte-gouttes, pour garder par-devers lui la différence.

« Personnalité impulsive »

La direction des Bouches-du-Rhône de La Poste est, aujourd’hui, fort embarrassée. Selon plusieurs sources internes et concordantes, soucieuses de conserver l’anonymat, cette rocambolesque affaire trahit un véritable dysfonctionnement au sein de l’établissement public. En clair, pour elles, les commandes, bien que très supérieures à l’ordinaire, n’auraient jamais dû être autorisées. Encore moins sans vérification, cependant qu’elles ont été décelées plusieurs jours après avoir été effectuées.

Sollicitées par France-Soir, d’autres sources émanant de l’établissement public des Bouches-du-Rhône ne s’expliquent toujours pas comment un tel pactole a pu être siphonné avec autant d’aisance. Un sujet délicat en plein débat sur une éventuelle privatisation. « De mémoire de salariés, nous n’avons jamais connu pareille affaire dans le département. Il s’agit bel et bien d’un acte isolé. Toujours est-il que l’on ne sait pas comment il s’est débrouillé pour détourner une telle somme », reprennent-elles, stupéfaites. Elles décrivent Naïm El Jaziri comme « une personnalité impulsive » et « violente », des traits de caractère pourtant à l’opposé du sang-froid nécessaire au détournement incriminé, conviennent-elles. D’après une autre source, le suspect aurait même vendu appartement et voiture avant de filer à l’anglaise. Naïm El Jaziri avait en outre fait l’objet d’une mise à pied, il y a quelques mois, consécutive à une bagarre avec l’un de ses collègues. Il avait écopé d’une suspension d’un mois sans salaire.
Tangente vers l’étranger
Malgré l’audition de ses proches, le fugitif aurait, selon les enquêteurs, utilisé au moins deux véhicules de location pour transporter les espèces et chèques dérobés en toute tranquillité. Vide de tout effet personnel, son appartement – qu’il aurait revendu, tout comme sa voiture – a été perquisitionné sans résultat. Epluchés, ses comptes bancaires sont vides. Même si le suspect semble avoir pris la tangente vers l’étranger, les limiers de la sûreté départementale surveillent sans grand espoir ses éventuels points de chute.

http://www.francesoir.fr/faits-divers/2009/11/09/marseille-vol-la-poste.html