Trois personnes tuées dans une déchetterie par un ex-gendarme

ANGOULEME — Trois personnes, dont deux employées d'une déchetterie, ont été tuées lundi près de Cognac (Charente) par un ex-gendarme, apparemment passionné d'objets anciens, qui n'aurait pas supporté d'avoir été dénoncé pour vol à la police, a-t-on appris de sources concordantes.

Le meurtrier présumé, âgé de 64 ans et dont l'identité n'a pas été révélée, a ensuite retourné contre lui l'arme des meurtres, un fusil de chasse, a indiqué la police. Il se trouvait dans un état très grave à l'hôpital de Bordeaux lundi soir.

L'homme avait fait l'objet de différents signalements à la police de la part de la déchetterie de Châteaubernard, la plus grosse des 31 gérées sur la Charente par le groupe Calitom, a indiqué à l'AFP le premier vice-président de Calitom, chargé des traitements, Michel Coq.

"Il prenait des objets sans grande valeur, comme des assiettes, ce n'était pas un trafiquant, mais il avait cette passion maladive", a indiqué M. Coq. Selon lui, l'ancien gendarme "avait été déjà reconduit à la porte par des gardiens hommes, mais il avait une attitude plus irrespectueuse vis-à-vis des gardiens femmes et refusait" d'obtempérer lorsqu'elles lui demandaient de ne pas se servir dans les bennes mises à la disposition du public pour y placer les rebuts domestiques.

Samedi, les gardiennes en place, les mêmes qui ont été tuées lundi, ont fait appeler la police en constatant que l'homme errait encore sur les lieux au moment de la fermeture. Un policier est venu sur place et rendez-vous a été fixé lundi matin au commissariat de Cognac à l'ex-gendarme, qui en est sorti libre.

Mais vers 09H30, selon le maire de Châteaubernard Daniel Boyer, contacté sur les lieux du drame par l'AFP, il a fait irruption dans la déchetterie, situé dans une zone industrielle à la périphérie de Cognac, et a fait feu sur les trois personnes présentes: les deux employées, Evelyne Leroux, 35 ans, une mère de trois enfants, et Sandy Bouillaud, 29 ans, mère de deux enfants, ainsi que sur un usager de la déchetterie qui se trouvait là.

Le substitut du procureur d'Angoulême, Emmanuelle Sabourault, a confirmé que cette affaire, qui n'a semble-t-il pas eu de témoin direct, "avait pour contexte une procédure ayant eu lieu contre ce monsieur sur plainte de la déchetterie, selon laquelle il venait régulièrement chaparder dans les bennes".

Selon le substitut, un véritable "capharnaüm" aurait été retrouvé dans la voiture de l'ancien gendarme.

Calitom a fermé toutes ses déchetteries lundi et seules huit d'entre elles seront ouvertes mardi.

Une cellule psychologique a été mise en place pour un personnel qui est "terriblement affecté" selon M. Coq.

Le maire a estimé auprès de l'AFP que cette affaire montre à quel point le travail dans une déchetterie est "à hauts risques", en raison de "conflits relativement fréquents avec les gens".

"Depuis des années, a confirmé M. Coq, on est confronté à des gens qui ont pris l'habitude de venir se servir, et on est régulièrement victime de vandalisme".

Or les entreprises comme Calitom vivent à la fois de la participation des collectivités au service rendu, et de la valorisation des déchets reçus, notamment le bois de construction et la ferraille.

Selon M. Coq, Calitom et la gendarmerie travaillaient ces derniers temps "en excellente collaboration" contre la délinquance, et des peines de prison ont été récemment prononcées contre des voleurs de déchets dans le département.

Le SRPJ de Limoges a été co-saisi de l'enquête avec le commissariat de Cognac.