Yemen: colis piégé sur un vol passagers, un artificier d'Al-Qaïda suspect clé

Yemen: colis piégé sur un vol passagers, un artificier d'Al-Qaïda suspect clé

Par AFP, publié le 31/10/2010 à 16:30, mis à jour le 31/10/2010 à 21:00
SANAA

SANAA - Les colis piégés partis du Yémen et destinés aux Etats-Unis, dont l'un a été acheminé sur un vol passagers de Qatar Airways, ont été conçus par l'artificier d'Al-Qaïda ayant fabriqué une bombe pour l'attentat raté de Noël 2009 sur un vol Amsterdam-Detroit.
Yemen: colis piégé sur un vol passagers, un artificier d'Al-Qaïda suspect clé

Des forces de sécurité yéménites devant une agence de la firme américaine FedEx, le 30 octobre 2010 à Sanaa, au Yémen

AFP/Mohammad Huwais
Alors que deux colis piégés, prêts à exploser, ont été interceptés vendredi à Dubaï et en Angleterre, celui retrouvé dans les Emirats arabes unis a été acheminé via Doha, sur un vol passagers de Qatar Airways, a affirmé dimanche à l'AFP une source au sein de la compagnie.
Yemen: colis piégé sur un vol passagers, un artificier d'Al-Qaïda suspect clé

Manifestation devant l'université de Sanaa pour la libération de l'étudiante en médecine arrêtée, le 31 octobre 2010 à Sanaa

AFP/Gamal Noman
Qatar Airways a confirmé que le colis piégé avait été acheminé sur l'un de ses avions, mais sans préciser s'il s'agissait d'un avion cargo ou d'un vol commercial.
La compagnie a rejeté toute responsabilité à propos du contenu du colis: "Ce n'est pas la responsabilité du pays dans lequel transite la cargaison de l'inspecter ou de le soumettre aux rayons X, mais celle du pays d'où la cargaison a été acheminée".
Selon un responsable anti-terroriste américain, le "suspect clé" dans l'enquête sur ces colis est un jeune Saoudien connu pour être un artificier d'Al-Qaïda au Yémen.
Yemen: colis piégé sur un vol passagers, un artificier d'Al-Qaïda suspect clé

Des jeunes passent devant la maison de l'étudiante en médecine arrêtée, le 31 octobre 2010 à Sanaa

AFP/Gamal Noman
"Les activités passées de (Ibrahim Hassan) Al-Asiri font de lui un suspect clé", a dit à l'AFP ce responsable sous couvert d'anonymat, ajoutant: "Nous disposons d'éléments suggérant qu'il a joué un rôle dans plusieurs complots d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique, dont la tentative d'assassinat d'un responsable saoudien et la tentative d'attentat à Noël l'an dernier".
Le conseiller du président américain Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, avait auparavant déclaré sur la chaîne ABC: "Les indications dont nous disposons à l'heure actuelle, basées sur les analyses criminelles, montrent que l'individu responsable d'avoir fabriqué ces engins est le même" que celui ayant fabriqué la bombe pour l'attentat raté de Noël.
Agé de 28 ans et installé au Yémen, Ibrahim Hassan al-Asiri, à qui l'on attribue la conception de la bombe à la penthrite placée dans le slip du jeune Nigérian Farouk Abdulmutallab, auteur de l'attaque manquée de Noël, figure sur la liste des hommes les plus recherchés par Ryad.
Par ailleurs, M. Brennan a affirmé qu'il n'y avait "aucune indication qu'il y (ait) encore d'autres (colis piégés) en circulation", ajoutant que le gouvernement avait pris les mesures nécessaires au cas où il y en aurait.
La ministre britannique de l'Intérieur, Theresa May, a indiqué pour sa part sur la BBC qu'un examen des procédures de sécurité allait être réalisé dans le fret aérien: "Nous regardons de près la façon dont le fret est inspecté, nous allons entamer des discussions avec les professionnels du secteur sur le sujet".
Son homologue allemand, Thomas de Maizière, a indiqué que Berlin avait averti Londres, grâce à une information de "services secrets amis", de la présence d'un colis suspect ayant transité par l'aéroport de Cologne.
Les autorités yéménites, qui continuaient de traquer des suspects, ont annoncé dimanche soir la libération d'une étudiante arrêtée la veille, "suspectée d'avoir envoyé des bombes dans des colis" et dont le numéro de portable figurait sur les bordereaux des paquets.
Un responsable yéménite a indiqué à l'AFP que la jeune femme, Hanane al-Samaoui (22 ans), avait été libérée mais qu'elle avait l'obligation de se présenter aux autorités quand elles le demandent.
"Ma fille a été libérée, ainsi que sa mère, arrêtée en même temps qu'elle. Elle est innocente", a confirmé son père, Mohammad al-Samaoui.
L'organisation yéménite de défense des droits de l'Homme Hooda avait mis en doute sa culpabilité, soulignant qu'"Al-Qaïda ne laiss(ant) jamais de traces"
Plus de 500 étudiants de la Faculté de génie de l'Université de Sanaa ont manifesté pour réclamer sa libération.
Les forces de sécurité ont établi des points de contrôle, vérifiant l'identité des passagers des voitures, à Sanaa, où les autorités ont fermé samedi les bureaux des compagnies FedEx et d'UPS, qui devaient acheminer les colis.
Elles ont saisi 26 colis suspects et interpellé des employés des compagnies de transport aérien et de la division cargo de l'aéroport de Sanaa.
Selon un haut responsable yéménite de l'aviation civile, Mohammad Abdel Rahmane Abdel Kader, "le gouvernement est en train d'examiner un renforcement des mesures de sécurité du fret aérien de manière à pouvoir examiner les cargaisons à 100% avant qu'elles ne soient chargées sur les avions".

Les autorités du Yémen ont remis dimanche soir en liberté conditionnelle la jeune femme soupçonnée d'être impliquée dans l'envoi de colis piégés vers les Etats-Unis, at-on appris auprès de son entourage

Le Yémen a regretté aujourd'hui la décision de l'Allemagne d'interdire tous les vols en provenance du Yémen, vols de passagers ou de fret, après la découverte de colis piégés portant la marque d'Al-Qaïda, y voyant une "punition collective",

Un nouveau colis a été découvert mardi soir à l'aéroport de Bologne, en Italie.

Il était moins 17, selon Hortefeux

L'une des deux bombes en provenance du Yémen découvertes la semaine dernière était à 17 minutes d'exploser. C'est ce qu'a affirmé jeudi le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, lors d'une entrevue diffusée sur les ondes de France 2.


M. Hortefeux n'a donné aucun détail et n'a pas précisé s'il s'agissait de la bombe retrouvée à l'aéroport East Midlands, en banlieue de Londres, ou de l'autre, retrouvée dans un appareil intercepté à Dubaï. Il n'a pas dit non plus d'où il tenait cette information.

La Maison Blanche s'est refusée jeudi à confirmer les affirmations du ministre français.

« Je ne dispose d'aucune information qui confirmerait ceci », a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Robert Gibbs à des journalistes.

De son côté, la CIA s'est refusée à tout commentaire.

Selon les autorités américaines, les bombes, qui étaient adressées à des synagogues de Chicago, étaient dissimulées dans des cartouches d'encre reliées à des téléphones cellulaires.

Les appareils ne contenaient pas de cartes de communication, laissant croire que les auteurs de l'attentat raté comptaient les utiliser comme détonateurs.

Chaque bombe était composée de tétranitrate de pentaérythritol, connu sous l'acronyme anglais PETN, et était accompagnée d'une seringue contenant de l'azoture de plomb, un explosif d'amorçage.

Le PETN et l'azoture de plomb auraient aussi été utilisés pour fabriquer la bombe que portait le Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab, accusé d'avoir voulu faire exploser en plein vol un appareil de Delta Airlines le 25 décembre 2009.

Selon une source de sécurité allemande, les deux bombes trouvées la semaine dernière contenaient de 300 à 400 grammes de PETN. Celle que portait Abdulmutallab n'en aurait contenu que 80 grammes.

Les autorités américaines croient que les colis n'étaient pas réellement destinés aux synagogues, puisque les colis piégés étaient adressés à des chrétiens célèbres pour leur haine des musulmans, décédés il y a des centaines d'années.

Selon le New York Times, un colis était adressé à Diego Deza, grand inquisiteur espagnol du 16e siècle; le second aurait été destiné à Reynald Krak, autre nom de Renaud de Châtillon, reconnu pour sa cruauté envers les musulmans lors de la deuxième croisade, au 12e siècle. Châtillon a été décapité par Saladin.

Les autorités yéménites disent avoir entrepris une vaste chasse à l'homme pour retrouver l'artificier du réseau Al-Qaïda au Yémen, Ibrahim Hassan al-Assiri, et l'imam Anwar Al-Awlaki.

Al-Awlaki est recherché par les États-Unis pour son implication dans l'attentat raté contre Delta Airlines. Il aurait également eu des liens avec le commandant américain Nidal Hassan, accusé d'avoir tué 13 personnes en novembre 2009 sur la base militaire de Fort Hood au Texas.