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Sécurité privée : la discussion s'envenime entre les patrons de sociétés françaises
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Sécurité privée : la discussion s'envenime entre les patrons de sociétés françaises
Après le coup de gueule de Bruno Delamotte, pdg de Risk&Co dans le Monde et ses explications sur ce blog, un autre patron d'une société de sécurité, Pierre-Antoine Lorenzi, un ancien cadre de la DGSE fondateur d'Amarante, réagit très vivement dans la lettre interne SécuritéS. Voici ses propos, lesquels, s'ils ne contribuent pas à apaiser le débat, offre un point de vue contraire.
Pierre-Antoine Lorenzi dénonce "une tribune d’une violence inouïe contre les sociétés privées de sécurité, contre l’institution militaire et contre les personnels qui en sont issus. Elle a choqué la plupart d’entre nous. Et une question est sur toutes les lèvres : mais qui est Bruno Delamotte pour distribuer ainsi accusations, insultes et leçons de morale ?
Quelle mouche a donc piqué le Président de Risk & Co pour fustiger ceux qu’il qualifie de « marchands de peur face au risque terroriste» ? Habitués que nous sommes à ses prises de position aussi surprenantes qu’excessives, nous aurions pu en sourire s’il n’était question sous sa plume courroucée de la vie de nos otages au Sahel et de la sécurité de nos ressortissants expatriés. En effet, n’en déplaise à notre apprenti pamphlétaire, il ne s’agit pas, face au risque terroriste et aux menaces d’AQMI, de se prémunir contre la peur mais de se protéger contre la mort !
Qui donc peut bien être ce Monsieur Delamotte pour dépeindre les avocats comme une « meute hurlant avec les loups » ? Pour qualifier les sociétés de sécurité de « vautours » ? Ou pour affirmer à propos des anciens militaires aujourd’hui reconvertis dans la sécurité privée que la classification de leurs états de service n’aurait d’autre finalité que de dissimuler telle ou telle « bévue » ? Et pour conclure sans précaution aucune que tous ces « donneurs de leçons » prennent des libertés avec l’éthique, la neutralité de la fonction publique ou l’efficacité ?
Il est vrai que Monsieur Delamotte n’est pas issu de l’institution militaire dont il pointe la médiocrité. Il n’est donc pas un de ces anciens officiers ou sous-officiers ayant passé 15 ou 20 années à servir leur pays sur différents théâtres d’opérations et auquel on ne pourra jamais reprocher de l’avoir fait par appât du gain. Il n’est pas non plus un ancien officier des services de renseignement ou des forces spéciales qui sait ce que signifie risquer sa vie pour protéger celle des autres tout en taisant à sa compagne et à ses enfants la nature de ses missions couvertes par le secret de la défense nationale. Il n’est pas davantage un expert en protection des infrastructures, en détection des risques liés à l’usage d’explosifs, en protection rapprochée, en exfiltration de zones dangereuses ou en négociation de libération d’otages, autant d’expertises précieuses pour assurer la sécurité de nos ressortissants face à des fous capables de planifier des opérations militaires. Non, Monsieur Delamotte n’est rien de tout cela. Et il ne peut se dissimuler derrière des états de service protégés par le secret faute précisément de services dont il pourrait faire état. A bien y réfléchir, c’est probablement la raison pour laquelle il s’autorise des propos aussi graves qu’irresponsables.
En effet, comment oser se demander « si les otages eux-mêmes auraient admis de vivre sous la protection permanente de mercenaires armés jusqu’aux dents » ? Oser cette interrogation terriblement choquante, c’est tout d’abord faire un raccourci coupable, parce que volontaire, entre gardes du corps et mercenaires. C’est ensuite se montrer insultant à l’encontre de nos otages qui subissent une épreuve physique et psychologique éprouvante, dont la vie ne tient qu’à un fil suspendu à la lame du sanguinaire Abou Zeid, et dont on peut légitimement penser qu’ils auraient préféré qu’une protection armée digne de ce nom leur épargne ce chemin de croix dont ils ne sont pas assurés de sortir vivants. C’est enfin s’asseoir sans vergogne sur le principe de responsabilité des entreprises qui ont le devoir moral de consacrer une part significative de leur chiffre d’affaires à la protection de leurs salariés envoyés dans des zones à risques. Il n’y a pas, pour les personnels, d’expatriation sans risque mais il y a, pour les entreprises, une obligation de moyens revenant à tout mettre en oeuvre pour sécuriser cette expatriation. S’y refuser revient à nier la réalité du risque : Abu Zeid ou Mokhtar Belmokhtar ne sont pas des amateurs et on ne lutte pas à mains nues contre des terroristes surarmés et déterminés. S’y refuser revient ainsi à se défausser sur d’autres, l’Etat en autres, en cas de problème. C’est aussi oublier qu’il y a désormais la possibilité pour l’institution judiciaire de sanctionner les manquements graves à cette responsabilité sociale de sécurité. C’est la jurisprudence Karachi dite de « faute inexcusable » qu’évoque Monsieur Delamotte avec un curieux mépris pour les familles des victimes et pour leurs avocats.
Ce mot de responsabilité est pourtant le mot clé. A l’heure où la notion de responsabilité sociale est mise « à toutes les sauces », il serait temps que soit rappelé que, pour tout dirigeant, public ou privé, la première des responsabilités est d’assurer l’intégrité physique de ses collaborateurs, fusse en ayant recours à des moyens coercitifs inhabituels lorsque la situation l’exige".
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Moon Wolf- Nombre de messages : 377
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Date d'inscription : 26/10/2008
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