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Thembi, 24 ans, morte
Thembi, 24 ans, morte
Le Monde20 juin 2009
Thembi, 24 ans, morte
Avant-hier a été signalé le premier cas (en français) de grippe porcine en Afrique du Sud. Ici, chaque jour, presque 1 000 Sud-Africains meurent du sida. Il y a deux semaines, Thembi Ngubane est morte. Pas du sida, mais de la tuberculose. Une saloperie qui s’attrape justement plus facilement quand on est faible, quand on a le sida. Thembi Ngubane a appris à 16 ans qu’elle était HIV positive.
Trois ans plus tard, un producteur de radio lui tend un magnétophone pour qu’elle enregistre au quotidien sa vie dans le township de Khayelitsha, près du Cap. Cela va devenir « le journal de Thembi ». Intime et publique quand la célèbre radio américaine, NPR, diffuse en avril 2006 des extraits de ses enregistrements. Les reprises dans le monde sont multiples. On évoque 50 millions d’auditeurs.
Elle devient une incarnation du combat contre cette maladie. Thembi Ngubane voyage, partout. Milite. Rencontre Bill Clinton, d’autres héros de la conscience, et nombre d’inconnus.
Dans ces extraits d’une durée de 23 minutes, cela commence comme cela :
« Chaque matin, quand je me réveille, je me précipite vers mon tiroir, sort mon miroir et je me regarde. Puis, je commence à faire ma prière. Je la dis chaque jour et chaque fois que je ressens de la colère. Je dis : ‘Bonjour HIV, toi l’intrus. Tu es à l’intérieur de mon corps, tu dois obéir aux règles. Tu dois me respecter, et si tu ne me fais pas de mal, je ne vais pas t’en faire. Tu t’occupes de tes affaires, et je m’occuperai des miennes, puis je te donnerai un ticket d’entrée quand ton heure viendra. »
On est avec Thembi Ngubane, notre oreille ne peut plus la quitter. Quand elle nous raconte qu’elle est inquiète en découvrant que son premier amour avec qui elle a rompu il y a un an est mort du sida. Que le médecin au centre de test lui pique les cinq doigts pour être sûr qu’elle est bien HIV positive. Qu’elle s’en veut d’avoir contaminé le garçon avec qui elle vit – « et si on ne meurt pas au même moment ? ».
Qu’elle se regarde encore et toujours dans ce miroir – « mon visage devient osseux et sombre ». Qu’elle apprend la nouvelle à son père. Que c’est un combat - « nos parents ont lutté contre l’apartheid, ils voulaient être libres, c’est la même chose avec le sida ». Qu’elle est heureuse en apprenant que son bébé est sain.
Et puis elle parle de la mort, de la vie plutôt : « je ne suis pas effrayée à l’idée de mourir, mais je suis effrayée à l’idée de ne plus être là. De laisser mon enfant derrière moi. (…) Je vais vivre assez longtemps pour le voir un peu grandir. Je veux étudier. Je veux avoir un super travail. »
1985-2009. Elle est morte à 24 ans, mère d’une fille de 4 ans. Elle a donné une voix à cette maladie. Chaque jour, il y a presque mille autres voies sud-africaines qui aboutissent à une impasse.
En 2007, Thembi Ngubane a participé (en français) avec l’Unicef à un documentaire tourné en Inde. Une suggestion : écoutez les extraits indiqués plus haut avant de la regarder.
Le Monde
Partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=D-Xxn96_RAk&feature=channel
Partie 3 :https://www.youtube.com/watch?v=7uyMmTdOafE&feature=channel
Partie 4 :https://www.youtube.com/watch?v=7VACXci6mFo&feature=channel
Partie 5 :https://www.youtube.com/watch?v=JhcWVEsJM1A&feature=related
http://afriquedusud.blog.lemonde.fr/2009/06/20/thembi-24-ans-morte/
Thembi, 24 ans, morte
Avant-hier a été signalé le premier cas (en français) de grippe porcine en Afrique du Sud. Ici, chaque jour, presque 1 000 Sud-Africains meurent du sida. Il y a deux semaines, Thembi Ngubane est morte. Pas du sida, mais de la tuberculose. Une saloperie qui s’attrape justement plus facilement quand on est faible, quand on a le sida. Thembi Ngubane a appris à 16 ans qu’elle était HIV positive.
Trois ans plus tard, un producteur de radio lui tend un magnétophone pour qu’elle enregistre au quotidien sa vie dans le township de Khayelitsha, près du Cap. Cela va devenir « le journal de Thembi ». Intime et publique quand la célèbre radio américaine, NPR, diffuse en avril 2006 des extraits de ses enregistrements. Les reprises dans le monde sont multiples. On évoque 50 millions d’auditeurs.
Elle devient une incarnation du combat contre cette maladie. Thembi Ngubane voyage, partout. Milite. Rencontre Bill Clinton, d’autres héros de la conscience, et nombre d’inconnus.
Dans ces extraits d’une durée de 23 minutes, cela commence comme cela :
« Chaque matin, quand je me réveille, je me précipite vers mon tiroir, sort mon miroir et je me regarde. Puis, je commence à faire ma prière. Je la dis chaque jour et chaque fois que je ressens de la colère. Je dis : ‘Bonjour HIV, toi l’intrus. Tu es à l’intérieur de mon corps, tu dois obéir aux règles. Tu dois me respecter, et si tu ne me fais pas de mal, je ne vais pas t’en faire. Tu t’occupes de tes affaires, et je m’occuperai des miennes, puis je te donnerai un ticket d’entrée quand ton heure viendra. »
On est avec Thembi Ngubane, notre oreille ne peut plus la quitter. Quand elle nous raconte qu’elle est inquiète en découvrant que son premier amour avec qui elle a rompu il y a un an est mort du sida. Que le médecin au centre de test lui pique les cinq doigts pour être sûr qu’elle est bien HIV positive. Qu’elle s’en veut d’avoir contaminé le garçon avec qui elle vit – « et si on ne meurt pas au même moment ? ».
Qu’elle se regarde encore et toujours dans ce miroir – « mon visage devient osseux et sombre ». Qu’elle apprend la nouvelle à son père. Que c’est un combat - « nos parents ont lutté contre l’apartheid, ils voulaient être libres, c’est la même chose avec le sida ». Qu’elle est heureuse en apprenant que son bébé est sain.
Et puis elle parle de la mort, de la vie plutôt : « je ne suis pas effrayée à l’idée de mourir, mais je suis effrayée à l’idée de ne plus être là. De laisser mon enfant derrière moi. (…) Je vais vivre assez longtemps pour le voir un peu grandir. Je veux étudier. Je veux avoir un super travail. »
1985-2009. Elle est morte à 24 ans, mère d’une fille de 4 ans. Elle a donné une voix à cette maladie. Chaque jour, il y a presque mille autres voies sud-africaines qui aboutissent à une impasse.
En 2007, Thembi Ngubane a participé (en français) avec l’Unicef à un documentaire tourné en Inde. Une suggestion : écoutez les extraits indiqués plus haut avant de la regarder.
Le Monde
Partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=D-Xxn96_RAk&feature=channel
Partie 3 :https://www.youtube.com/watch?v=7uyMmTdOafE&feature=channel
Partie 4 :https://www.youtube.com/watch?v=7VACXci6mFo&feature=channel
Partie 5 :https://www.youtube.com/watch?v=JhcWVEsJM1A&feature=related
http://afriquedusud.blog.lemonde.fr/2009/06/20/thembi-24-ans-morte/
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