Lies Hebbadj accusé de viol et violences

Lies Hebbadj accusé de viol et violences


NANTES (AP) — Lies Hebbadj, le compagnon de la femme verbalisée pour avoir conduit voilée à Nantes en avril dernier, est en garde à vue depuis vendredi soir où il est entendu par les policiers "à la suite d'accusations de viol et de violences" portées par son ancienne compagne, a-t-on appris samedi auprès du procureur de la République de Nantes, Xavier Ronsin.

"L'enquête, qui porte sur des faits qui se seraient produits entre 2003 et 2007, a été confiée à la police judiciaire de Nantes", a précisé à l'Associated Press le procureur qui décidera en fin d'après-midi de la poursuite ou non de la garde à vue de M. Hebbadj.

Après la médiatisation en avril dernier de l'affaire de la conductrice en niqab, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux était monté au créneau, dénonçant des soupçons de polygamie et de fraude aux aides sociales. Il avait demandé l'étude d'une possible déchéance de la nationalité française acquise par cet habitant de Rezé (Loire-Atlantique), soupçonné d'avoir quatre femmes et 12 enfants et d'appartenir à la mouvance islamiste radicale tabligh.

Après un mois d'enquête et 24 heures de garde à vue, Lies Hebbadj a été mis en examen le 9 juin dernier pour fraude aux aides sociales, escroquerie et travail dissimulé. Ce commerçant a été laissé libre sous contrôle judiciaire. En revanche, les accusations de polygamie n'avaient pas été retenues, même si M. Ronsin a parlé à l'époque de "polygamie de fait".

Sans évoquer ces accusations de viol, M. Hortefeux a redit samedi sa volonté de le déchoir éventuellement de sa nationalité. "Cet individu est présumé coupable de polygamie, de fraude aux prestations sociales, c'est à dire d'avoir bénéficié de manière indue et injuste d'allocations familiales, d'allocations de parent isolé", a dit le ministre sur RTL en marge d'un déplacement à Perpignan.

Pour lui, "cette affaire n'est pas un simple fait divers, mais c'est un fait de société et s'il y a des dérives dans notre société, je les bloquerai". A la question de savoir si M. Hebbadj pourrait faire partie des personnes déchues de leur nationalité si la justice le reconnaissait coupable, M. Hortefeux a répondu oui.

Son collègue de l'Immigration Eric Besson a toutefois tenu à souligner que la déchéance de la nationalité en cas de polygamie était "complexe à envisager". "Sur un plan politique, nous devons lutter avec détermination contre la polygamie et l'excision. Mais, sur un plan juridique, la déchéance est complexe à envisager, notamment pour la polygamie", explique-t-il dans un entretien paru samedi dans "Le Figaro". "Cela devra être arbitré après un travail interministériel, notamment avec le ministère de la Justice".

Alors que M. Hortefeux réclame la possible déchéance de la nationalité française en cas de polygamie ou d'excision, le ministre de l'Immigration affirme, lui, revendiquer "le droit à la nuance". "Ni déni de la réalité, ni généralisation", souligne-t-il, déclarant que "tous les jeunes étrangers ou Français d'origine étrangère ne sont pas, loin sans faut, des délinquants". AP

Lies Hebbadj, le compagnon de la femme verbalisée en avril dernier pour conduite avec un niqab à Nantes a été de nouveau placé en garde à vue à Nantes (Loire-Atlantique) vendredi soir. Aucune mise en examen n'avait encore été prononcée samedi matin

Nantes - faits divers
La femme de Lies Hebbadj au secours de son mari

Miriana Hebbadj estime que son mari est un "bouc émissaire" de la République. Elle décrit un homme "remarquable", joyeux et dynamique" ainsi qu'un "commerçant plein d'ambitions".

Très discrète jusqu'à présent, la femme de Lies Hebbadj, le commerçant nantais mis en examen dimanche pour viols aggravés, vole au secours de son mari dans un entretien accordé à Presse-Océan en compagnie d'une autre compagne. Toutes deux vêtues d'un Niquab, elles donnent ainsi leur opinion sur une affaire qui, pour elles, a tout de l'acharnement.

Pour Miriana Hebbadj, son homme serait ainsi devenu un "jouet politique, le bouc émissaire de la République", raison pour laquelle on lui collerait "toutes les étiquettes possibles et imaginables". Accompagnée de Sandrine Mouleres, la compagne de Lies Hebbadj qui avait contesté un procès-verbal pour port du niqab au volant en avril, Miriana Hebbadj assure que son mari n'est "certainement pas un intégriste" et que "contrairement à l'image qu'on veut lui donner, il n'est pas là à attendre vautré dans son fauteuil que les allocations tombent à la fin du mois", mais que c'est "un commerçant plein d'ambitions". Au contraire, il serait selon elle "un mari remarquable", quelqu'un "de joyeux, dynamique", ainsi qu'un "père de famille doux, attentionné et responsable"

Sandrine Mouleres estime de son côté que la plaignante à l'origine de la mise en examen pour viols, aurait pu "subir des pressions" afin qu'on l'encourage à "porter plainte aujourd'hui alors qu'elle ne l'avait jamais fait jusque-là".

Déjà mis en examen il y a deux mois pour soupçons de fraude aux allocations familiales et polygamie, Hebbadj, 35 ans, avait été placé en garde a vue vendredi soir pour viols et violences, entre 2003 et 2007, à l'encontre d'une de ses ex-compagnes, répudiée depuis. Dimanche, il a été mis en examen pour ces mêmes faits.